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[Epopée] De Copenhague à Eindhoven, en attendant Glasgow

Anniversaire 40 ans Epopée Saint-Etienne

Christian Sarramagna

1er tour : FC Copenhague (0-2, 3-1)

Robert Herbin goûte peu aux longues causeries. A l'été 1975, pour la reprise de l'entraînement, il tient un discours simple. « Je ne vous demande qu'une seule chose, dit-il en substance à ses hommes. Oubliez tout ce que vous avez fait, mais pas tout ce que vous avez appris. » Ses troupes démarrent en douceur face au KB Copenhague. Deux succès sans gros souci (0-2 et 3-1) favorisent une entrée en matière réussie.

« Affronter cette équipe correcte, mais pas de renommée internationale nous a permis de prendre confiance », reconnaît Gérard Farison. Dominique Rocheteau en profite pour signer ses débuts continentaux. Révélé au grand public quelques semaines auparavant par son doublé réussi en amical face à Leeds, finaliste sortant de la C1, il dispute, au retour, son premier match européen et ouvre rapidement son compteur buts.

2e tour : Glasgow Rangers (2-0, 1-2 )

Au deuxième tour, l'ASSE se voit opposée aux Glasgow Rangers, son premier adversaire sur la scène continentale, en 1957. Un sacré test : les Ecossais survolent leur championnat et ont, comme le Bayern Munich ou le Sporting Portugal, remporté la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe (1969). Leur déplacement dans le “Chaudron” commence bien mal : le gardien Peter McCloy se blesse à l'échauffement et doit déclarer forfait. Son remplaçant, Stewart Kennedy, s'incline sur une volée de Patrick Revelli en première période, puis à la toute fin du temps réglementaire. Dominique Bathenay déboule côté droit, repique dans l'axe pour se mettre sur son pied gauche et inscrire le but du break (2-0).

Avant leurs retrouvailles, les Britanniques promettent l'enfer aux Stéphanois : huit ans plus tôt, le voisin et rival du Celtic a montré la voie en étrillant (4-0) les Frenchies après s'être inclinés 2-0 à l'aller. Malgré les quelque 45 000 spectateurs massés à Ibrox Park, les joueurs de Robert Herbin confirment leurs progrès et font preuve d'une belle maturité en l'emportant 2-1.

« On était préparé à un choc physique et nous avions un matelas confortable avec nos deux buts d'avance, raconte Dominique Bathenay. J'en garde un bon souvenir car nous avons fait un très bon match, qu'on a bien contrôlé, en étant peu mis en danger et en marquant deux beaux buts (Dominique Rocheteau inscrit le premier et offre le second à Hervé Revelli). Gagner à Glasgow était important, cette victoire nous montrait qu'on pouvait être performants à l'extérieur. »

Dominique Bathenay

Quart de finale : Dynamo Kiev (2-0, 3-0 a.p.)

En quarts de finale, les Verts héritent du Dynamo Kiev. « La meilleure équipe du monde », estiment-ils encore quarante ans après. Pour optimiser leurs chances, les Stéphanois mobilisent à bon escient les mois qui les séparent de la double confrontation programmée en mars 1976 : Pierre Garonnaire va espionner cet adversaire sur ses terres et l'effectif profite d'un match de préparation des Soviétiques à Nantes pour les observer en conditions réelles. Jean-Michel Larqué et les siens refont aussi leur retard en championnat pour rattraper l'OGC Nice.

Outre la qualité du Dynamo Kiev, l'ASSE doit composer avec les aléas. En raison des conditions climatiques, le match aller est délocalisé à Simferopol, en Crimée. « La veille, on s'est entraîné dans un gymnase. Déjà qu'on ne logeait pas dans un hôtel cinq étoiles... » souffle Christian Lopez. Si Pierre Garonnaire avait bien repéré l'hôtel Moscou au préalable, les joueurs ont la désagréable surprise d'y dormir dans des lits trop petits.

A quelques heures du coup d'envoi, la neige tombe en abondance. Des militaires locaux se chargent d'en débarrasser le terrain… à l'aide de réacteurs d'avion ! Dans un bourbier, les Verts s'enlisent et concèdent deux buts malgré le soutien de 1 200 supporters qui ont fait le long déplacement. Un moindre mal. « On aurait pu perdre 4-0 ou 5-0, estime Christian Lopez. 2-0, ce n'était finalement pas si mal, on savait qu'on aurait rien à perdre au retour. »

Le retour, justement, a façonné la légende verte. Soutenus par un stade plein (la billetterie a reçu 100 000 demande de billets), les joueurs de Robert Herbin accusent toujours deux buts de retard quand Oleg Blokhine profite d'une contre-attaque pour semer ses gardes du corps et s'en aller défier Ivan Curkovic. Sentant dans son dos le retour de Christian Lopez, le Ballon d'or en titre préfère ralentir sa course pour un ultime dribble au lieu de tenter sa chance. Raté. La suite, c'est Jacques Vendroux qui la décrit au micro de France Inter.

Galvanisés, les Stéphanois refont leur retard grâce à un coup franc de Jean-Michel Larqué et accrochent la prolongation. Perclus de crampes, Dominique Rocheteau a demandé à sortir un peu plus tôt ? C'est lui qui inscrit le troisième but, après un numéro de soliste réussi par Patrick Revelli sur l'aile droite. Comme face à Split, l'ASSE vient de boucler un incroyable scénario (3-0). “L'Ange Vert”, surnom qu'il déteste, ne tire pas la couverture à lui : « Sans le tacle de Christian, il n'y aurait pas eu cette épopée et on n'en parlerait pas encore aujourd'hui… » Nombre de fans continuent d'ailleurs à aborder l'ancien défenseur pour évoquer cette action. Oubliant presque les deux Coupes du monde qu'il a disputées avec les Bleus en 1978 et 1982, durant laquelle il avait participé au mythique France-Allemagne de Séville.

Epopee Saint-Etienne

Demi-finale : PSV Eindhoven (1-0, 0-0)

Comme on ne change pas une formule qui gagne, Robert Herbin, Jean-Michel Larqué et Ivan Curkovic vont superviser le PSV avant la demi-finale qui les oppose. Une formation redoutable, qui vient de prendre le dessus sur l'Ajax Amsterdam au niveau national. A l'aller, Jean-Michel Larqué s'illustre une fois de plus sur coup franc. 1-0, score final. Il va donc falloir préserver ce petit but d'avance deux semaines plus tard, au Philippstadion, avec le soutien de 3 000 supporters verts.

Tous les espoirs reposent sur Ivan Curkovic. Si sa cage demeure inviolée à l'issue des 90 minutes, les Verts joueront la finale de la Coupe d'Europe ! En début de partie, il rate le ballon sur une sortie aérienne, mais pas Ralf Edström, qui prend son point en pleine figure. K.-O., le géant suédois (1,91 m) finit par sortir à la pause. Un coup dur pour les Néerlandais, mais, aujourd'hui encore, Ivan Curkovic jure ne pas l'avoir fait exprès.

Sans sa tour de contrôle, le PSV tente tout de même de faire plier les Verts et le gardien doit multiplier les parades. Avec brio puisqu'il repousse tout (0-0). Invité à commenter sa prestation quatre décennies plus tard, Ivan Curkovic refuse d'endosser le costume de héros : « J'ai peut-être réalisé de meilleures prestations, arrêté des ballons plus difficiles... mais ce n'était pas une demi-finale européenne. Il fallait préserver notre but d'avance acquis à l'aller face à un adversaire très fort, ce qui a fait que le gardien a été l'homme central. Chaque geste réussi est resté dans les yeux des spectateurs et téléspectateurs. »

Epopee Saint-Etienne

A Eindhoven, Roger Rocher a entamé des pas de danse sur la piste de l'aéroport. L'ambiance est plombée dès le retour à Saint-Etienne : des supporters surexcités sont venus fêter le retour de l'équipe et la cohue tourne au drame quand une hélice de l'avion décapite l'un d'entre eux. Les joueurs, qui avaient prévu de fêter leur qualification, s'en vont profondément marqués par ce qu'ils viennent de vivre.

Les statistiques et les pages du site www.anciensverts.com